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CHIRURGIES

Comment y accéder?

Au Québec, la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) accepte depuis 2009 de payer certaines interventions chirurgicales (mastectomie, vaginoplastie, phalloplastie/métadoïoplastie) en lien avec les transitions sous certains critères, en autant qu’elles soient effectuées au Centre Métropolitain de Chirurgie du Dr Pierre Brassard, à Montréal (http://www.grsmontreal.com/francais...).

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Pour y être admissible, il faut:

 

-Détenir une carte d’Assurance-maladie valide;

 

-Être âgé d’au moins 18 ans;

 

-Avoir effectué un suivi psychologique ou sexologique avec un.e spécialiste qualifié.e et obtenu une lettre d’évaluation favorable à la chirurgie demandée;

 

-Obtenir une deuxième évaluation psychologique ou sexologique avec un.e autre spécialiste qui vient confirmer la première (sauf dans le cas de la mastectomie, depuis peu, pour laquelle une seule lettre est désormais requise);

 

-Obtenir une preuve d’hormonothérapie (sauf dans le cas de la mastectomie, pour laquelle il n’est pas obligatoire d’être hormoné.e);

 

-Avoir un bilan de santé d’un médecin généraliste (médecin de famille ou en sans-rendez-vous) qui atteste qu’aucune contre-indication à une intervention sous anesthésie générale n’est connue.

 

-Dans le cas d’une vaginoplastie, être hormoné.e depuis un certain temps (entre 6 mois et 1 an au minimum). Dans le cas d’une phalloplastie ou d’une métadoïoplastie avec vaginectomie, il faut avoir subi une hystérectomie au préalable. Il est également nécessaire d’avoir fait l’électrolyse selon le patron discuté avec le médecin pour avoir une phalloplastie.

 

Lorsqu’une personne a accumulé tous les documents requis, elle peut les faire parvenir au Centre Métropolitain de Chirurgie (GRS) par courriel, par fax, par la poste ou en personne. Elle obtiendra alors un rendez-vous de consultation avec un des chirurgiens (Dre Maud Bélanger, Dr Pierre Brassard ou Dr Éric Bensimon). Cette consultation exige des frais de 50$ pour l’ouverture du dossier, à la charge de la personne qui vise une chirurgie. Si tout est en ordre, son dossier sera acheminé par la Clinique à la RAMQ pour approbation du financement. Lorsque celui-ci est accepté, le GRS contacte le.a patient.e afin de fixer la date de la chirurgie. Au besoin, des tests de sang ou des soins préalables pourront être demandés avant la chirurgie.

 

Ne reste alors plus qu’à attendre le grand jour!

 

En ce qui concerne l’hystérectomie, elle est également offerte gratuitement au Québec, comme pour toute personne qui possède un utérus! Toutefois, elle n’a pas lieu au GRS. Les personnes qui désirent la faire doivent obtenir une référence d’un médecin pour aller consulter un gynécologue dans n’importe quel hôpital. Toutefois, certain.e.s chirurgien.ne.s sont davantage réputés comme étant habitué.e.s de travailler avec des personnes transmasculines, ce qui peut être privilégié par certain.e.s patient.e.s. Les critères d’admissibilité sont à la discrétion de chaque médecin, mais de manière générale, il faut être sous hormonothérapie depuis au moins 6 mois, et il est possible qu’une lettre d’évaluation psychologique ou sexologique soit exigée.

La mastectomie

La mastectomie (ou top surgery) consiste en l’ablation des seins et en la construction d’un torse davantage masculin. C’est d’ailleurs à cause de ce deuxième aspect qu’elle se distingue de la chirurgie du même nom que subissent certaines femmes atteintes d’un cancer du sein. En effet, dans leur cas, la mastectomie est souvent faite dans une optique de reconstruction d’un sein équivalent à ce qu’il était à l’origine, ou encore dans une optique de porter une prothèse mammaire.

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Or, dans le cadre d’une mastectomie dans un cheminement trans, on recherche un résultat d’apparence masculine, avec un mamelon sur un muscle pectoral. Il existe différentes techniques pour arriver à cette fin, selon certains critères. Les deux plus fréquentes vous seront ici présentées, chacune présentant des avantages et des inconvénients.

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La double-incision

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La mastectomie par double incision est une technique qui peut être pratiquée sur la plupart des types de poitrine. Lors de cette chirurgie, une incision est faite sous le sein, par laquelle sont sortis les glandes mammaires et le surplus de tissus adipeux. Le mamelon est découpé, retaillé, puis greffé plus haut sur le torse, à la hauteur «normale» du mamelon d’un homme cisgenre.

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Cette chirurgie donne visuellement un torse masculin. La disposition du mamelon y est pour beaucoup, tout comme sa taille, plus petite et donc plus près de celle d’un homme cisgenre. Toutefois, elle laisse des cicatrices apparentes sur le torse, qu’il peut s’avérer malaisant de devoir expliquer. De plus, étant donné que la greffe du mamelon ne permet pas de reconnecter les terminaisons nerveuses, les sensations sont affectées, voire inexistantes, après cette intervention. Néanmoins, elle peut être faite peu importe la taille ou l’élasticité de la peau à l’origine, ce qui permet à presque tout le monde d’y être éligible (certaines cliniques, toutefois, demande un poids santé étant donné qu’il peut être difficile d’obtenir un résultat satisfaisant selon eux lorsque le.a patient.e est en surpoids).

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La mastectomie péri-auréolaire (ou keyhole)

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Cette autre technique consiste en une incision autour du mamelon, soit tout le tour ou seulement en dessous, par lequel sont vidé le surplus de tissus adipeux et les glandes mammaires, laissant le torse plat.

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Avec des cicatrices quasi-inexistantes, cette chirurgie permet un plus grand anonymat en public. Étant donné que l’emplacement du mamelon n’est pas modifié, il est possible de conserver des sensations à ce niveau. Toutefois, étant donné qu’il n’est pas greffé, le mamelon peut être considéré un peu bas par rapport à un torse d’homme cisgenre, tout comme il peut être un peu plus gros que la moyenne.

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Cette option n’est cependant pas offerte à tout le monde. Il faut en effet avoir une poitrine modeste à l’origine (on parle de bonnets A ou B), et une bonne élasticité de la peau : celleux qui ont eu des fluctuations de poids importantes ou qui ont porté des enfants, par exemple, risquent de ne pas y être éligibles. De plus, les chances d’avoir besoin d’une révision augmente avec cette technique puisqu’il est possible qu’il reste un surplus de peau après la guérison.

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La convalescence

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En général, on parle d’un arrêt d’environ 4 à 6 semaines. Dans tous les cas, on demande généralement de ne pas soulever de charges lourdes (plus de 10 livres) ni faire d’activité physique dans les 8 semaines qui suivent la chirurgie. Il faudra bien souvent porter un bandage compressif 24h/24 pendant les 4 premières semaines afin d’éviter l’enflure. De même, il est généralement impossible de prendre une douche pendant la première semaine étant donné que des drains sont installés pour recueillir le sang qui afflue dans les plaies.

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Certains mouvements seront plus difficiles que d’autres les premiers temps. En général, tout ce qui demande une extension des bras est douloureux. Pour mieux se représenter les mouvements qu’il est possible de faire et ceux qui ne le sont pas, imaginez-vous un tyrannosaure (un bon vieux T-Rex!), avec ses tout petits bras : si un T-Rex fait le mouvement, vous devriez être capable. Sinon, il se peut que ce soit plus compliqué ou douloureux les premiers temps.

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On demandera généralement d’éviter l’exposition des cicatrices au soleil durant la première année qui suit la chirurgie afin d’éviter qu’elles ne changent d’aspect. De plus, on vous dira de masser vos cicatrices avec de la vitamine E afin de les aider à pâlir et à s’assouplir.

L'hystérectomie

L’hystérectomie consiste en l’ablation de l’utérus, des ovaires et des trompes. Elle s’effectue dans n’importe quel hôpital public au Québec, avec un-e gynécologue, comme pour n’importe quelle femme cisgenre qui aurait besoin de cette procédure. 

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Il y a plusieurs façons de procéder à cette intervention. L'une des plus populaires demeure celle par laparoscopie, qui ne laisse que 3 à 4 toutes petites incisions dans le nombril et sur le bas-ventre. L'autre technique majeure laisse quant à elle une cicatrice sur le bas ventre. De manière générale, sous l'effet de la testostérone, l'utérus s'atrophie, ce qui simplifie grandement l'intervention. 

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Cette intervention demande généralement un arrêt de 6 à 8 semaines. Elle limite également, pendant quelques temps, les possibilités de rapports sexuels avec pénétration vaginale. 

La métaidoïoplastie

Procédure consistant en la création du micro-phallus à partir du clitoris qui a généralement grossi suite à la prise de testostérone, avec vaginectomie (retrait et fermeture de la cavité vaginale), prolongement de l’urètre et socroplastie (construction d'un scrotum avec ou sans pose d'implants testiculaires). Cette chirurgie, moins invasive que la phalloplastie, ne permet par de pénétration, mais permet en général d’uriner debout. Comme le micro-pénis est constitué uniquement de l'ancien clitoris, il conserve toutefois ses capacités érectiles.

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Le choix de l'intervention génitale souhaitée, si une telle intervention est désirée, est généralement à discuter lors du suivi psychologique/sexologique. Il s'agit bien souvent d'une décision longuement réfléchie. Fait à noter, il est possible d'avoir une phalloplastie suite à une métaidoïoplastie si désiré. 

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La convalescence pour ce type d'intervention s'étend généralement de 8 à 10 semaines. En temps normal, le patient est admis à l'hôpital le matin -même de sa chirurgie, après avoir eu à procéder au rasage du nombril jusqu'à la mi-cuisse sur 360 degrés et à deux lavements intestinaux. Il y demeure 2 nuits, et il est ensuite transféré à la maison de convalescence l'Asclépiade, dans le bâtiment voisin, qui ne regroupe que des personnes trans ayant subies leur chirurgie génitale. Pendant les 6 jours passés là-bas, c'est le festival du sac de glace sur l'entrejambe et des démarches bizarroïdes. La douche est permise après 6 jours, une fois que le drain a été retiré. Généralement, le patient devra conserver une sonde urinaire reliée à un sac collecteur pendant 3 à 4 semaines afin de favoriser la cicatrisation des tissus de l'urètre. Cependant, cela place les patients à risque de souffrir d'une infection urinaire. Il sera aussi recommandé chaudement de prendre des marches, et de faire aérer le site opératoire le plus souvent possible (en été, dès que tu es seul dans ta chambre, tu passes tout ton temps tout nu!).

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Parmi les complications les plus fréquentes, on retrouve la présence de fistules urinaires, soient des petits trous non prévus via lesquels s'écoule de l'urine en plus du méat urinaire. Il peut également y avoir rejet des implants testiculaires. Dans de plus rares cas, on peut observer des nécroses (tissus morts). 

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Enfin, il est pertinent de noter qu'il est possible de ne pas avoir de méta complète. Ainsi, on peut choisir de fermer ou non la cavité vaginale, de prolonger l'urètre, de créer un scrotum. Ces différentes possibilités permettent aux patients d'obtenir des organes génitaux qui leur conviennent. 

La phalloplastie

Séries d’interventions visant la création d’un phallus à partir de tissus de l’avant-bras préalablement épilée au laser ou à l'électrolyse, dont le site donneur sera recouvert avec de la peau prélevée sur la cuisse, avec l’insertion d’une pompe érectile permettant la pénétration. Cette intervention comprend également la fermeture du vagin et la création d’un scrotum.

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Il s'agit d'une procédure complexe, lourde et risquée. En effet, dans les meilleurs cas, elle est complétée en 3 interventions dans un espace d'au moins un an. La première demeure la plus complexe du lot puisque c'est là qu'est façonné le néo-phallus à partir de la greffe, que le vagin est fermé et le nouvel urètre créé dans le pénis. Il faut généralement compter une bonne dizaine d'heures sur la table d'opération, un 5 jours à l'hôpital et un 8 jours à la maison de convalescence.  Plusieurs drains, une sonde urinaire et un plâtre sur l'avant-bras viennent compliquer la vie du convalescent. Il sera en arrêt au minimum 2 mois, souvent 3, voire plus.

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Si la première intervention s'est bien déroulée, la deuxième est consacrée au raccordement de l'urètre créé précédemment de même qu'à l'insertion des implants testiculaires, qui sont en réalité conçus selon le même principe que des implants mammaires, mais dans une taille plus modeste et une forme légèrement différente. Enfin, la troisième intervention amène la pose d'une pompe érectile afin de permettre les relations sexuelles avec pénétration.

 

Il est important de considérer son besoin personnel et ses limites avant de choisir l'une des deux options principales de chirurgies génitales : suis-je prêt à avoir de grosses cicatrices sur la cuisse et l'avant-bras? Ai-je besoin d'uriner debout? Est-ce que je veux garder ma cavité vaginale? Est-ce que je veux pouvoir pénétrer un.e partenaire sans devoir avoir recours à des jouets sexuels? La liste des réflexions qui peuvent nous passer par la tête est sans fin!

Exemple de pompe érectile

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