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ÊTRE TRANS

Qu'est-ce que c'est?

Commençons par les grandes lignes, si vous me le permettez. L’identité de genre, qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce qu’on entend par «personne trans»?

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La plupart des experts s’entendent pour dire que chaque être humain possède à la fois un sexe, une identité de genre, ou genre, et une expression de genre. Considérant que certains de ces éléments sont en dehors du contrôle de chacun.e et que d’autres lui sont modulables, il convient de prendre le temps de s’y attarder.

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Le sexe correspond à la mention, généralement M ou F, mais heureusement parfois X ou autre selon les pays, qui lui a été assigné à la naissance en fonction de ses organes génitaux. Déjà, on peut noter un problème ici puisque la plupart des sociétés sont ancrées dans un fonctionnement binaire homme/femme qui ne tient pas compte des personnes naissant avec des caractéristiques sexuelles ambiguës ou ne correspondant pas aux standards établis par les professionnels de la santé , mais je ne prétendrai pas être un expert des questions intersexes et laisserai donc quelqu’un de plus compétent en la matière vous renseigner à ce sujet.

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L’identité de genre, pour sa part, est le ressenti de chacun.e. En d’autres mots, c’est la manière de se percevoir soi-même comme homme, femme, agenre, non-binaire, fluide dans le genre, genderfluid ou tout autre appellation qui nous convient, indépendamment de nos organes génitaux ou de notre assignation à la naissance. C’est une caractéristique autodéterminée, en ce sens où il convient à chacun de se définir, et personne d’autre ne devrait avoir son mot à dire quant à l’identité de genre d’un individu. C’est également une donnée qui peut changer avec le temps : rien n’oblige une personne qui s’est définie un jour comme femme de vivre comme tel toute sa vie!

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L’expression de genre englobe tout ce qui a trait à la manière de se présenter en société. Elle peut passer par les vêtements, la coiffure, la présence ou l’absence de pilosité faciale ou corporelle, l’attitude, les comportements, le prénom et les pronoms employés, et plus encore. Il est important de noter qu’elle n’est pas nécessairement représentative de l’identité de genre d’une personne. Ainsi, que ce soit pour des raisons de sécurité, de facilité ou autre, certaines personnes ne peuvent ou ne veulent vivre une expression de genre correspondant à leur identité.

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En somme, il m’apparaît important de mentionner que seule l’identité de genre d’une personne devrait être prise en compte lorsqu’il est question d’interagir avec quelqu’un. On ne peut se fier ni à l’apparence ni à l’assignation à la naissance de quelqu’un pour déterminer quels pronoms ou accords utiliser à leur endroit. La meilleure façon reste de demander aux gens dont on ignore l’identité de genre leurs préférences en matière de pronoms, tout comme aux personnes trans, surtout en début de transition, lorsqu’elles ne se sentent pas encore totalement prêtes à vivre publiquement selon leur véritable identité de genre et ce, peu importe que leurs raisons vous paraissent justifiées ou pas. Personne n’est mieux placé que soi-même pour déterminer quels pronoms et prénoms employer dans telle ou telle circonstance!

Les identités trans

On entend généralement par «personne trans» un individu dont l’identité de genre n’est pas la même que le sexe assigné à la naissance. Par opposition, une personne qui s’identifie conformément à la mention assignée sera dite «cisgenre» ou tout simplement «cis». Mais revenons aux personnes trans! Tout d’abord, veuillez noter que «trans» est un adjectif et qu’il doit par conséquent s’employer soit avec un nom (personne trans, homme trans, enfant trans, etc.), soit avec un verbe d’état (être trans, je suis trans, etc.). Ainsi, on tentera le plus possible d’éviter les formulations «un.e trans» ou «les trans», qui tendent à effacer les personnes et à les réduire uniquement à leur transition. Or, ce sont avant tout des individus comme tous les autres qui n’ont que cette particularité de ne pas s’identifier au sexe qui leur a été assigné.

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Passons maintenant à une revue non exhaustive des identités trans:

 

- Une femme trans (MtF) est une personne assignée garçon à la naissance qui s’identifie au genre féminin. Elles utilisent généralement des pronoms féminins.

 

- Un homme trans (FtM) est une personne assignée fille à la naissance qui s’identifie au genre masculin. Ils utilisent généralement des pronoms masculins.

 

- Une personne trans non-binaire est une personne qui ne s’identifie pas à la mention assignée à la naissance, quelle qu’elle soit, mais qui ne s’identifie pas nécessairement plus aux genres masculins ou féminins. Elle peut se sentir quelque part entre les deux, totalement à l’extérieur de ce système binaire, ne pas sentir d’appartenance à aucun genre, sentir une appartenance à un genre ni masculin ni féminin, avoir une identité de genre qui fluctue, avoir deux identités distinctes ou plus qui se présentent en alternance (par exemple, quelqu’un qui se présenterait en homme certains jours et en femme d’autres), ou toute autre possibilité que je n’aurais pas énoncée! Ces personnes utilisent toute une variété de pronoms selon leur langue ou le contexte dans lequel elles se trouvent. Il vaut donc toujours mieux de demander les pronoms d’usage d’une personne qui vous dit être non-binaire.

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Par ailleurs, précisons immédiatement que l’identité de genre d’une personne et son orientation sexuelle sont deux choses complètement distinctes. On peut être un homme trans et être attiré sexuellement ou romantiquement par des femmes, cis ou trans, des hommes, cis ou trans également, des personnes non-binaires, des personnes intersexes, toutes les combinaisons sont possibles, et ce peu importe l’identité sexuelle. Ainsi, il ne faut pas présumer de l’orientation sexuelle d’une personne ni avant ni après sa transition!

Par où commencer?

Avant tout, il est important de préciser que les différentes étapes de transition mentionnées ici n’y figurent qu’à titre indicatif. En aucun cas elles ne sont obligatoires ou ne doivent s’effectuer dans un ordre précis. Je ne tiens ici qu’à tracer les grandes lignes de ce qui peut constituer un parcours de transition, avec les principaux prérequis pour chacune de ces étapes. Celles-ci tiennent pour acquis qu’on a affaire à une personne majeure et citoyenne canadienne dont la réflexion est déjà faite et qui se sait être trans. La procédure pour les personnes mineures varie légèrement. Les gens d’Enfants Transgenres Canada seraient beaucoup mieux placés que moi pour vous en parler puisqu’ils œuvrent précisément auprès des enfants et adolescent.e.s trans et leur entourage.

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Une des premières choses que peut vouloir faire une personne qui entame une transition est d’en parler autour de soi: famille, conjoint.e, ami.e.s, collègues, milieu scolaire, etc. Ce coming-out peut parfois être très anxiogène, notamment si l’on craint la réaction de certaines personnes, et apporter son lot de tensions lorsque la nouvelle est plus ou moins bien prise. Aussi, certains proches ont besoin d’un moment d’adaptation à cette nouvelle facette de l’identité de quelqu’un qu’ils croyaient connaître. Autant la personne trans elle-même a parfois besoin d’un moment pour se faire à cette idée, autant son entourage peut se retrouver dans la même situation. Le coming-out sera toutefois davantage explicité et commenté lors d’un article ultérieur!

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À un certain moment, les personnes trans peuvent vouloir changer leur présentation de genre. Il s’agit toutefois de «cas par cas», et chacun.e ne le vit pas de la même manière. Ainsi, on peut opter pour une nouvelle coiffure, faire l’acquisition de nouveaux vêtements qui sont davantage à notre image, etc. Si certaines personnes vont faire ces actions dans le but de se «conformer» à ce qui est socialement attendu des gens qui vivent selon la même identité de genre qu’eux, d’autres le font simplement parce que c’est comme ça qu’elles se sentent le mieux. Il n’y a pas de règle officielle concernant le look à aborder en société!

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De plus, de manière à mieux vivre avec leur dysphorie de genre, c’est-à-dire leur malaise quant au corps qu’ils possèdent, certains individus vont acquérir, souvent via les sites d’achat en ligne, différents accessoires qui les aident à être plus en harmonie avec leur anatomie. Ainsi, certain.e.s opteront pour des compressifs pour la poitrine, aussi appelés «binder», afin d’avoir un torse plat; différents types de prothèses péniennes (aussi appelées «packer» ou «STP/Stand-to-pee») qui permettront, selon le cas, de créer une bosse dans les pantalons voire même d’uriner debout ou d’avoir des activités sexuelles; des prothèses mammaires visant à ne pas avoir un torse plat; et bon nombre d’autres alternatives et items qu’il serait trop long à énumérer! On peut aussi inclure dans cette catégorie l’épilation laser ou l’électrolyse, auxquelles certaines personnes trans ont recours, que ce soit dans un but «esthétique» (qui vient en fait souvent avec un besoin de sécurité, les femmes portant la barbe n’étant malheureusement pas toujours bien accueillies par la société) ou pour se préparer pour une chirurgie, notamment la phalloplastie. Toutefois, je tiens à préciser une fois de plus que chacun.e utilise ces objets selon son besoin : certain.e.s sont très à l’aise avec leur anatomie, en tout ou en partie, et ne cherche pas à la modifier via ces accessoires ou traitements.

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Plusieurs personnes trans vont aussi opter pour un traitement d’hormonothérapie. Il s’agit en fait de médicaments sous ordonnances qui permettent d’acquérir certaines caractéristiques sexuelles secondaires, de manière permanente ou temporaire selon le cas. Ainsi, afin d’en bénéficier à long terme, les personnes trans qui désirent une hormonothérapie devront la continuer toute leur vie, sous peine de voir certains traits revenir à leur état d’origine. Les effets de ces traitements et les modes d’administration seront davantage explicités dans un article futur portant sur ce sujet.

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Il y a différentes manières d’accéder à l’hormonothérapie. D’une part, il est possible de compléter une évaluation avec un.e psychologue, un.e sexologue, un.e psychiatre ou un.e travailleur.euse social.e et d’obtenir une référence d’un médecin de famille ou en clinique sans-rendez-vous pour consulter un.e endocrinologue, médecin spécialiste des hormones. Toutefois, ce ne sont pas tous les endocrinologues (ni tous les spécialistes de la santé mentale!) qui acceptent d’assurer le suivi des personnes trans. Il faut donc s’assurer que celleux qui seront consulter y consentent. D’autre part, il est possible de se faire prescrire une hormonothérapie par un médecin généraliste. Une fois de plus, illes ne sont pas tous à l’aise de le faire. Certain.e.s professionnel.le.s de la santé sont d’ailleurs reconnu.e.s pour leur ouverture à travailler avec les clientèles trans et pour la possibilité qu’illes offrent de débuter l’hormonothérapie sur une base de consentement éclairé plutôt qu’à la suite d’une évaluation psychologique. Illes ont cependant bien souvent de longues listes d’attente étant donné qu’illes sont peu nombreux.ses.

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De même, certaines personnes trans souhaiteront obtenir différentes chirurgies dans le but de modifier de manière permanente certaines parties de leur anatomie. Au Québec, nous avons la chance de voir certaines de ces chirurgies être couvertes par le Régime de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ), mais elles ne le sont pas toutes, et cela ne signifie pas qu’elles n’occasionnent aucun coût. Ainsi, les chirurgies suivantes sont couvertes sous certaines conditions (qui seront, tout comme les chirurgies en tant que telles, explicitées dans une autre publication!) si elles sont effectuées au Centre Métropolitain de Chirurgie, situé à Montréal, notamment en présentant deux évaluations psychologiques et une preuve d’hormonothérapie et de bonne santé: la vaginoplastie (construction d’un néo-vagin), la mastectomie (construction du torse aux contours «masculins»), la métadoïoplastie et la phalloplastie (les deux options de chirurgies génitales offertes aux hommes trans). L’hystérectomie (ablation de l’utérus) avec ou sans ovariectomie (ablation des ovaires) est également couverte par la RAMQ, tout comme elles le sont pour toute personne possédant un utérus (cette chirurgie est notamment requise chez plusieurs femmes cisgenres ménopausées). Toutefois, les chirurgies de féminisation du visage, de la pomme d’Adam, des cordes vocales, les augmentations mammaires, et plusieurs autres, sont aux frais de la personne qui en bénéficie si elle les désire, tout comme c’est le cas des chirurgies effectuées à l’extérieur du Québec.

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Dans un autre ordre d’idée, de nombreuses personnes trans souhaiteront modifier leurs documents d’identité afin qu’ils concordent avec leur expression de genre. Si les enfants ne peuvent pour l’instant que modifier leurs prénoms avec l’accord de leur.s parent.s ou tuteur.s, les citoyen.ne.s canadien.ne.s majeur.e.s peuvent également modifier leur mention de sexe. Toutefois, seules les options M (masculin) et F (féminin) sont actuellement offertes. Depuis octobre 2015, il suffit de faire parvenir au Directeur de l’État civil sa demande, accompagnée du paiement. Toutefois, la demande doit être assermentée, c’est à dire signée devant un commissaire à l’assermentation. De plus, une autre personne, majeure et citoyenne canadienne également, doit faire une déclaration assermentée comme quoi elle connaît la personne qui demande depuis au moins un an et qu’elle juge que la mention demandée est celle qui correspond le mieux à l’identité du demandeur/de la demanderesse. Précédemment, il fallait fournir des lettres d’attestation psychologiques et des preuves de chirurgies (vaginoplastie pour obtenir un F, mastectomie et hystérectomie pour obtenir un M) afin d’être admissible aux changements légaux...

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