Le Respect

Honnêtement, ces derniers jours, j'en ai ma claque! C'est à croire que les personnes trans ne méritent pas un minimum de respect, lui qui est pourtant octroyé d'office à bien d'autres personnes (je ne dirai pas à tout le monde, parce que d'autres groupes marginalisés n'y ont également malheureusement pas droit).

Lundi, une femme trans a été poignardée à mort. Oui, il s'avère que c'est une travailleuse du sexe. Qui faisait ce métier pour financer sa transition.

Parce que oui, au Québec, on a beau avoir certaines interventions de payées par la RAMQ, il y a toujours des frais, notamment l'épilation au laser (tant chez les femmes trans que les hommes trans, dans un contexte pré-opératoire pour la phalloplastie), l'augmentation mammaire, les évaluations sexopsychologiques, les frais de changement de prénom et de mention, l'achat de

prothèses, etc. Déjà, ça devrait sonner des cloches sur la situation des personnes trans.

Mais revenons à l'idée principale. Une femme trans a été assassinée. Déjà, à l'extérieur des communautés trans, on n'en parle à peu près pas. Et les quelques articles publiés sur l'événement ne font rien pour aider! Le Journal de Montréal a écrit qu'un homme a été poignardé, et malgré les commentaires reçus, n'a pas corrigé l'article. D'autres médias ont précisé qu'il s'agissait d'une femme trans, mais ont révélé son nom de naissance. Des gens ont partagé sur les médias sociaux les informations concernant les funérailles, et encore là, les 2 prénoms sont utilisés, et une photo de la victime avant sa transition accompagne un cliché où elle est représentée en tant que femme.

Le geste commis est déjà ignoble. Surtout considérant que les travailleurs et travailleuses du sexe ne peuvent bien souvent pas se tourner vers les forces de l'ordre étant donné que leur travail est criminalisé. Mais là n'est pas la question dans ce billet. Il est plutôt question des médias qui sont incapables de faire preuve de respect envers la victime, la mégenrant jusque dans la mort. Ces médias qui la prive de sa dignité alors qu'elle n'est plus là pour se défendre.

Et ça traduit une méconnaissance répandue socialement des réalités trans. Un certain malaise dans bien des cas, souvent lié à cette méconnaissance du sujet. Pourtant, on ne se risquerait pas à parler de physique ou de chimie si on ne maîtrise pas le sujet, on ferait appel à un.e expert.e. Pourquoi est-ce différent dans le cas des personnes trans? Pourquoi, dans cette situation, tout le monde se prétend qualifié pour en parler?

Il est grand temps qu'on éduque tout le monde sur les réalités trans. Cette démystification à grande échelle pourra permettre une meilleure acceptation de ces communautés. C'est en quelques sortes mon objectif, actuellement. Rendre compréhensible les réalités trans au grand public. Pour que les manques de respect de la sorte ne se produisent plus. Pour que les changements de sexe ne soient plus utilisés en joke, comme élément d'un gag. Pour qu'on accorde aux personnes trans un minimum de respect.

Entre temps, même si je ne te connaissais pas, reste en paix, Sisi Thibert...

Quand un membre des communautés nous quitte dans des circonstances aussi terribles, ce sont toutes les communautés qui meurent un peu.